Marguerite Boucicaut, comment elle a inventé le shopping
Al entrar en nuestra escuela de France Madrid, quizas ya hayas visto su nombre en el fresco azul con otros nombres de franceses famosos. A lo largo de la historia, una serie de visionarios gallos han impactado en el mundo ecónomico y cultural moderno. Hablamos hoy de una mujer francesa del siglo XIX que ha revolucionado el retail de moda. Despues de leer ese artículo, ¡ya no verás tus tiendas preferidas y los grandes almacenes de la misma manera !
Presque oubliée par l’Histoire, Marguerite Boucicaut a pourtant révolutionné l’expérience du shopping moderne en inventant, avec son mari Aristide Boucicaut, un concept de vente et de marketing qui a forgé nos modes de consommation actuels.
Voyons comment cette entrepreneure aux origines modestes a fait fortune et ouvert la voie aux femmes d’affaires françaises.
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Le destin de Marguerite Boucicaut commence dans la misère. Marguerite Guérin naît dans un hameau de Bourgogne en 1816 près de la ville de Châlon-sur-Saône. Née de père inconnu, elle vit dans la pauvreté et la faim avec sa maman Pierrette. A l’époque, on désignait des femmes comme sa mère par l’expression péjorative de « filles mères ». De nos jours, on dit « mères célibataires ».
A l’âge de treize ans, elle part à Paris avec son oncle. De gardienne d’oies au chômage, elle passe à apprentie blanchisseuse dans le quartier de la rue du Bac. Elle peut enfin apprendre à lire et à écrire malgré ses dures journées de travail. La jeune Marguerite est une grande travailleuse, acharnée et avide d’apprendre.
Grâce à ses économies, elle ouvre un petit restaurant où travailleurs et ouvriers du quartier peuvent se restaurer de plats copieux pour un prix modique. C’est là qu’elle rencontre son futur mari, Aristide Boucicaut, un jeune vendeur normand employé dans un magasin de vêtements voisin, le « Petit Saint Thomas ».
À consulter : Marguerite Boucicaut, créatrice du «Bon Marché» et femme de bien.


Le couple d’amoureux doit attendre plusieurs années avant de se marier, car les parents d’Aristide refusent leur mariage. En effet, les origines sociales de Marguerite, « fille de père inconnu », sont un problème bloquant pour eux.
En 1839, elle donne naissance à un fils qu’Aristide reconnaît seulement en 1845. Ils se marient finalement en 1848.
Aristide et Marguerite sont de véritables pionniers dans le monde des affaires mais aussi dans leur vie privée. A l’époque des mariages arrangés ou de convenance dans une France très catholique, ils forment un couple très amoureux, moderne, non marié et égalitaire. Ils sont partenaires égaux dans tous les domaines de la vie, en affaires comme en amour.
En 1845, Marguerite et Aristide s’associent avec les frères Videau pour ouvrir un premier magasin de mode, « Au Bon Marché ». En 1863, ils rachètent les parts de leurs associés et créent « Le Bon Marché », un nouveau concept totalement innovant. Une première mondiale. Un immense magasin est construit dans le quartier de la rue du Bac. C’est là que les époux Boucicaut créent une nouvelle forme « d’expérience shopping », une expérience sensorielle entre loisirs et commerce.
L’idée est venue à Aristide en visitant l’Exposition Universelle de 1855. Il veut créer un espace de vente merveilleux où ses clients pourront rêver et se promener librement.
Autrefois, les dames de la haute-société achetaient leurs vêtements et accessoires de mode en recevant les marchands ( couturières, tailleurs, chapeliers, gantiers, bonnetières, chausseurs, etc.) chez elles dans leur salon.
Cette fois, c’est l’inverse. Les Boucicaut invitent les clientes à venir découvrir robes, chapeaux, gants et manteaux dans un espace de vente grandiose avec des conseillers de vente dédiés. Les dames peuvent venir en toute liberté : l’entrée est libre sans rendez-vous. Elles peuvent acheter des articles produits en série comme les gants, les sacs et les châles. La possibilité d’essayer les produits est une innovation commerciale.
En revanche, les produits sur-mesure doivent être commandés à partir de modèles présentés sur des mannequins. En ce sens, le Bon Marché est un point de vente mais aussi un showroom ou magasin d’exposition.
Le Tout-Paris se précipite pour visiter cet incroyable temple de la mode, spacieux et chic. Pionniers du marketing expérientiel, les Boucicaut créent une nouvelle forme d’expérience socio-culturelle : flâner en magasin, faire du shopping devient une expérience de loisirs aussi amusante que de se promener au parc ou d’aller à l’opéra.
Dans la foulée, les Boucicaut inventent aussi le merchandising : l’art de mettre en valeur les produits dans l’espace de vente pour vendre davantage. Ils créent aussi les premiers programmes de fidélité et pratiquent l’art du marketing opérationnel pour stimuler la clientèle à l’aide de promotions, d’offres commerciales et d’événements spéciaux. Les robes ( on dit « toilettes ») pour dames et habits pour messieurs sont fabriqués sur-place par des centaines de couturiers et de couturières qui vivent dans les étages supérieurs du magasin ou des immeubles voisins. Tout le quartier vit au rythme du Bon Marché.
C’est une révolution ! Les Boucicaut viennent d’inventer le concept de grand magasin ou department store en anglais. Le modèle est copié dans le monde entier. Macy’s à New York ou Selfridges à Londres apparaissent dans les années qui suivent.
Si le Bon Marché occupe la Rive Gauche ( quartiers parisiens au sud de la Seine), le concept est également abondamment imité sur la Rive Droite de Paris : La Samaritaine, le Bazar de l’Hôtel de Ville( = le BHV du Marais) , Les Galeries Lafayette ou Au Printemps sont encore des lieux majeurs de la vie parisienne et du patrimoine culturel français. Avec leur architecture majestueuse, ces grands magasins sont de véritables cathédrales du consumérisme où les Parisiens aiment autant regarder qu’être vus.


Emile Zola situe son roman Au bonheur des dames (1883) dans un grand magasin qui ressemble furieusement au Bon Marché. Dans cette fresque sociale, il évoque le phénomène de société de ce nouveau type de distribution, l’industrialisation de la production de masse et la concentration des commerces au détriment des plus petits magasins…une préoccupation toujours d’actualité de nos jours.
Les premiers mois, l’engouement pour le Bon Marché ne plaît pas à tout le monde. Les Boucicaut sont accusés de causer la « perdition des femmes », ces « créatures faibles » qui passeraient leurs journées à tromper leur ennui dans une insatiable fièvre acheteuse…voire à flirter avec de « séduisants vendeurs ». Les dames de Paris s’émancipent en sortant de chez elles pour s’amuser toutes seules. Faire les magasins devient un alibi pour sortir et rencontrer des ami(e)s.
Le Bon Marché s’avère un véritable phénomène de société aux multiples retombées. Les Boucicaut sont considérés de bons patrons. Ils logent leurs employés sur-place, de jeunes hommes et jeunes filles souvent arrivés de leur campagne. Ils veillent à leur santé et à leur sécurité, tout en proposant des parcours de formation et d’évolution de carrière.
Chez les Boucicaut, les femmes peuvent enfin développer une trajectoire de carrière en entreprise comme les hommes. Les Boucicaut décident de créer un réseau de magasins en régions. Quand une employée démarre dans les magasins Boucicaut, elle peut espérer devenir un jour directrice de magasin, un poste naguère inaccessible aux femmes.
A l’époque de Marguerite Boucicaut, les rares femmes françaises cheffes d’entreprise sont des veuves comme la Veuve Clicquot, ( Barbe-Nicole Clicquot Ponsardin) première femme à diriger une maison de champagne entre 1805 et 1866.
Toujours plus inventifs, les Boucicaut créent un canal de vente par correspondance, publiant un catalogue papier qui permet à tous les Français de commander les produits du Bon Marché. L’enseigne connaît un rayonnement précurseur des grandes enseignes de distribution et de vente à distance actuelles.
Marguerite Boucicaut perd hélas son mari en 1877 puis son fils en 1879. Elle poursuit l’œuvre initiée avec son mari, aidée de fidèles employés. Elle associe les cadres dirigeants au capital, une nouveauté à l’époque.
Elle meurt à Cannes en 1887 et lègue sa colossale fortune à des œuvres caritatives ainsi qu’à ses chers employés du Bon Marché.
Philanthrope et mécène, elle finançait des chercheurs scientifiques comme Louis Pasteur. Un grand hôpital public parisien, l’hôpital Boucicaut est inauguré en 1897. Il a été abandonné en 2000 pour l’Hôpital Européen Pompidou. Une station de métro Boucicaut lui rend également hommage.
Le Bon Marché a été repris par le groupe de luxe LVMH en 1984. Il reste le grand magasin emblématique de la Rive Gauche de Paris, lieu apprécié des amateurs de shopping français et étrangers. Il se trouve toujours entre la station de métro Sèvres-Babylone et la fameuse Chapelle de la Médaille Miraculeuse de la Rue du Bac, où la nonne Sainte Catherine Labouré a vu l’Immaculée Conception ( C’est le Lourdes parisien !)
La star anglaise Kristin Scott Thomas (‘Le patient anglais’, ‘4 Mariages, un enterrement’, ‘Partir’) habite dans les environs depuis qu’elle y était venue comme fille au pair. On la voit régulièrement faire ses courses au Bon Marché.
N’hésitez pas à partir nez au vent dans les rues situées entre St Germain des Prés et Montparnasse. Entre cafés élégants, pâtisseries chic et boutiques de créateurs, vous pourriez y surprendre une célébrité en vacances ( Meg Ryan, Kendall Jenner, Chris Martin…), ou une star qui réside autour de la célèbre rue du Cherche-Midi : Chiara Mastroianni, Charlotte Casiraghi, Vincent Lindon, Gérard Depardieu…
Savourez la douceur de vivre de la Rive Gauche version « bobo » (bourgeois-bohême) !

Article rédigé par Laurence Kam-Thong, coach et formatrice chez France Madrid (Innoveria Coaching)
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